La table, l'âne et le bâton

Il était une fois un tailleur qui avait trois fils.

Le premier, menuisier, avait une table magique ; il suffisait de lui dire : « Table, couvre-toi ! », et elle se couvrait d’une belle nappe blanche, avec un bon repas. Un jour, le menuisier alla rendre visite à son père.

En chemin, il s’arrêta dans une auberge où il attira l’attention sur sa table. L’hôte se montra très intéressé par cette table : « Un cuisinier comme ça me serait bien utile !» s’écria-t-il. En pleine nuit, le bougre échangea la table que le jeune homme avait simplement posée contre le mur, près de son lit, avec une vieille table identique.

Le lendemain, le menuisier se remit en route. A midi, il arriva chez son père et très vite, il lui parla de son trésor. « C’est une table magique : quand je lui ordonne de se couvrir, elle se garnit des mets les plus divins ! » dit le menuisier.

Fous de joie, ils invitèrent tous les villageois pour partager le futur festin. Mais, au moment venu, la table n’exécuta pas l’ordre de se couvrir. Le village entier se moqua du jeune homme, qui, honteux, se rendit compte que sa table avait été dérobée et repartit.

Le second était meunier. Il possédait un âne qui pouvait produire de l’or lorsqu’il marchait. Un jour, le meunier alla rendre visite à son père.

En chemin, il s’arrêta dans la même auberge où son frère aîné avait perdu sa table. Après avoir mangé copieusement, il sortit chercher de l’or près de son âne dans l’écurie. Intrigué, l’hôte l’espionna et découvrit la bête magique. A la nuit tombée, il échangea l’âne magique avec un de ses ânes et le meunier s’en alla le lendemain, sans s’apercevoir qu’il ne s’agissait pas de son âne.

Il arriva à midi et, comme son frère, fit réunir les villageois pour leur montrer l’âne. L’âne ne produisant rien de plus qu’un âne ordinaire, le meunier devint la risée du village et repartit, honteux lui aussi.

Le troisième fils reçut une lettre de ses frères, qui lui racontait le vol de l’âne et de la table par l’aubergiste. Quand le troisième fils finit son apprentissage de tourneur, son professeur lui offrit un gros bâton magique qui protégeait son maître s’il ordonnait : « Bâton, hors du sac ! ». Il décida d’aller rendre visite à son père lui aussi.

En chemin, il s’arrêta dans la même auberge que ses frères. Il se vanta sans retenue du trésor qu’il avait dans son sac. En allant se coucher, le tourneur utilisa son sac comme oreiller. L’aubergiste tenta de voler le sac du jeune homme. Mais ce dernier le guettait depuis longtemps et au moment ultime s’exclama : « Bâton, hors du sac ! ». Le bâton donna des coups sur la tête de l’aubergiste et le jeune tourneur ne le rangea que lorsqu’il fut sûr de retrouver la table et l’âne.

A midi, il arriva chez son père. Il le somma de réunir les villageois, car il avait une grande surprise. Le père s’exécuta, bien qu’il n’ait plus vraiment confiance. Le courageux tourneur restitua leurs biens à ses frères ; le premier, grâce à sa table magique, régala les papilles des villageois et le second remplit d’or leurs poches. Ainsi, le vieillard vécu en paix et heureux avec ses trois fils.

Fin

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