Le garçon qui cria au loup

Lorsque j’étais gamin, mon père avait l’habitude de m’envoyer dans les champs tous les jours pour garder ses moutons. Bon ça va hein. Il y a des choses plus dures à faire que de s’asseoir à l’air frais toute la journée, mais c’était ennuyant pour un jeune garçon. Je voulais tellement courir avec mes copains, jouer à la balle, ou faire quelques bêtises d’enfants.

« Les moutons ne peuvent pas se garder tout seuls? » J’ai demandé à mon père. « Après tout, ils savent bêler et mâcher l’herbe, mais ils ne peuvent rien faire d’autre. »

Père disait que c’était un travail important, et le plus important était de veiller au loup - au cas où il viendrait dans les champs et attraperait un des jeunes agneaux.

Je ne pouvais même pas dormir. Je devais m’asseoir et avoir l’oeil ouvert. Après quelques semaines, j’étais si ennuyé que je souhaitais que le loup vînt et me donne quelque chose à faire.

Puis je me dis: « Rendons les choses un peu plus vivantes. » Je pensais. « Faisons une farce aux villageois. » Donc je me suis levé et me suis mis à courir très vite dans le village en criant de toutes mes forces: « Loup! Loup ! LOUUUUUUUUUP! » Les villageois attrapèrent des bâtons, des rouleaux à pâte, des fourches et arrivèrent en courant dans les champs pour chasser le loup. Mais lorsqu’ils arrivèrent là, tout était calme. Les agneaux gambadaient comme d’habitude, presque comme s’ils n’avaient pas bougé.

Je rigolais: « Ah Ah ! Je vous ai eus ! » Mais aucun des villageois ne riait. Certains râlèrent et le forgeron se mit en colère et me cria dessus - mais ce n’était qu’un mauvais perdant qui n’avait pas le sens de l’humour.

Une semaine plus tard je fis la même chose, mais cette fois-ci je m’étais mieux préparé. J’avais mis de la peinture rouge sur mon bras, et je prétendais que le loup m’avait mordu. Même le forgeron y crût, lui qui était sur ses gardes après la dernière farce que j’avais faite. Lorsqu’ils arrivèrent essoufflés dans les champs, je m’écriais une fois de plus: « Ah Ah! Je vous ai eus. »

Cette fois-ci, un peu plus de villageois étaient en colère après moi, et je me suis fais tirer l’oreille par le forgeron, la maîtresse et le quincaillier. Quand je suis rentré à la maison, mon père était furieux et m’a dit que j’avais un sens de l’humour assez idiot. Mais je trouvais ça drôle - et mes amis de même.

Environ une semaine après, j’étais assis sur une colline surveillant les moutons de mon père comme d’habitude. Je me préparais pour le soir, et le soleil se couchait derrière la forêt. J’aurais à passer la nuit ici, et oh, que j’étais seul et comment je m’ennuyais! Et puis tout d’un coup, les chiens du troupeau se mirent à aboyer et le troupeau s’enfuyait dans tous les sens en bêlant comme s’ils étaient devenus fous. Mais ils ne l’étaient pas; il y avait un loup parmi les moutons et il avait attrapé un agneau.

« Loup! Loup! LOUUUUUP! » J’appelais et je courus au village pour obtenir de l’aide. Mais personne ne vînt. Pas un seul villageois. Ils continuèrent de faire ce qu’ils faisaient. Manger le dîner, boire leur bière, ou terminer leur travail de la journée. « S’il-vous-plaît », Je dis au forgeron. « Cette fois-ci c’est vrai. Il y a vraiment un loup. » Mais il haussa simplement les épaules.

Vous voyez, personne ne croit un menteur, même s’il dit la vérité… Et c’est pour cela que vous ne devez jamais crier au loup, sauf si c’est vrai.

Fin

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