Amelia Vol.3

Lac Texcoco, 2 novembre 1932 « Enchanté, mon nom c’est Sven ! » lui dit un petit homme blond à l’embonpoint certain, la main tendue vers le rebord au bord duquel elle s’était miraculeusement accrochée. « Qu’est-ce qu’une jeune femme fragile comme vous fait-elle dans une situation périlleuse comme celle-ci ?  lui dit-il après l’avoir extirpée de son pétrin.

- Je m’appelle Amelia O’Neill, je suis journaliste et je mène une investigation secrète, lui répondit-elle. - Ah oui, vous êtes à la recherche du trésor caché de Tenochtitlan. - … - Vous aussi vous pensiez que vous étiez la seule au courant de l’existence de ce trésor ? Laissez-moi deviner, c’est votre grand-oncle explorateur qui vous a fait part de cet extraordinaire secret ? - C’est mon grand-père… - Tout aussi original ! Chaque jour, un pseudo-aventurier se lance à l’assaut de Tenochtitlan, dans l’espoir d’obtenir gloire et richesse en devenant celui qui mettra enfin la main sur le trésor. »

A ce moment-là, Amelia se dit que son rêve est illusoire. Comment avait-t-elle pu penser qu’une chose pareille pouvait exister ? Ce n’était pas pour rien que son grand-père n’avait jamais trouvé le moindre trésor. Mais soudain, le désespoir d’Amelia laisse place à la perplexité. « Mais dites-moi Sven, vous qui ne croyez pas en ce trésor, pouvez-vous m’expliquer ce que vous faites sur la route de Tenochtitlan ? demande Amelia. - Je suis historien, passionné d’anciennes civilisations. J’occupe mon temps libre en explorant les vestiges de ces populations disparues. Oui, je sais, vous allez me dire que c’est une manière plutôt étrange de se divertir. - Au contraire, je trouve cela passionnant ! Pourrai-je vous accompagner dans votre périple ? lui demanda-t-elle. - Avec plaisir, ça m’évitera de parler seul. Je commence à trouver mes anecdotes historiques un poil redondantes.

Amelia y voit là une formidable occasion d’écrire un reportage totalement original, jamais conçu auparavant. En effet, pouvoir se rendre sur les vestiges mêmes d’une ancienne civilisation accompagné d’un historien est un luxe qu’aucun journaliste ne peut s’accorder, ce genre de recherches s’effectuant généralement en bibliothèque. Quant au trésor, Amelia garde encore espoir dans un coin de sa tête. Après tout, ça ne coute rien d’y croire !

Amelia et Sven se lancent donc à la conquête de Tenochtitlan ! La première étape consiste à franchir le lac Texcoco pour atteindre les vestiges de l’ancienne capitale Mexicaine. Pour cela, pas le choix, il faut une barque. Heureusement pour eux, ils en trouvent une complètement abandonnée sur le rebord du lac. Son état n’est pas fantastique, mais elle flotte. Les deux compères s’équipent de deux longs bouts de bois et les utilisent comme des rames.

Au début, les manœuvres sont compliquées et Amelia et Sven ont du mal à s’accorder sur leurs mouvements. Le bateau tourne sur lui-même et avance aussi vite qu’une tortue asthmatique. Mais rapidement, les deux acolytes prennent leurs marques et parviennent à faire accélérer la barque. Tenochtitlan n’est vraiment plus très loin. Cependant, le soleil est ardent et les deux aventuriers ne sont pas assez protégés. La fatigue et la soif les envahis, et ils commencent à perdre leurs forces. Sven, bien trop affaibli, fini par tomber dans les pommes. C’est à ce moment-là qu’un gigantesque condor apparaît, prêt à plonger sur sa proie…

Amelia, terrifiée, voit le rapace fondre sur Sven a une vitesse ahurissante, comme s’il transperçait l’air. Elle prend son bâton à deux mains (et aussi son courage), prête à en découdre. De toutes ses forces, elle assène un terrible coup de bâton à l’animal dès que celui-ci arrive à proximité de Sven. Mais l’oiseau, à peine abasourdi, ne veut pas se laisser voler dans les plumes et tente de se défendre en donnant des coups de becs à Amelia. Elle riposte à coups de bâtons, inquiète pour son compagnon d’infortune. La bataille est âpre, la barque tangue.

Soudain, le corps inerte de Sven passe par-dessus bord à cause des mouvements trop importants de l’embarcation ! Un grand « plouf » retentit, et le corps enrobé du suédois s’enfonce dans les profondeurs du lac Texcoco…

Fin

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