Chamallow

Une famille vivait en ville dans un immeuble de six étages, devant lequel il y avait un jardin avec des fleurs mais surtout plusieurs arbres. Cette famille occupait un appartement au rez-de chaussée, heureusement ! Vous allez bientôt savoir pourquoi.

Le papa, Pierrot, avait une moustache et une barbe. Il adorait lire son journal sur le canapé en rentrant de son travail et fumer la pipe. Il était facteur : il parcourait donc plusieurs kilomètres chaque jour et adorait son métier qui lui permettait d'être très sportif !

La maman, Colombine, était institutrice : elle aussi était très active. Elle s'occupait toute la journée de petits diablotins bien mignons mais qui requéraient une attention constante. Il fallait inventer des jeux, raconter des histoires, chanter des comptines...Pas une seconde de répit ! Mais elle savourait ces moments passés avec les enfants.

Leur petit garçon de 4 ans s'appelait Paul : il était très joyeux, aimait s'amuser avec ses copains, faire des blagues...C'était un enfant dynamique, comme ses parents, qu'il adorait. Il aimait aussi énormément son chat qui s'appelait Chamallow. 

Chamallow ! Pourquoi ce nom bizarre ?

Il faut dire qu'un chamallow c'est un bonbon en forme de cube souvent rose et surtout tout mou. 

Or ce chat était très lent, très mou. On n'aurait pas pu l'appeler Buzz l'éclair ou Rapido ! Il était donc bien différent de Pierrot, de Colombine et de Paul !

Le matin, il ouvrait difficilement un œil, puis l'autre, il s'étirait, se mettait sur ses pattes encore flageolantes puis avançait à petits pas tranquilles jusqu'à sa gamelle. Il lui était difficile de se pencher pour manger et cela lui demandait de gros efforts d'avaler ses croquettes et de laper son lait !

Pierrot, le papa, lui proposait souvent de boire de l'eau au robinet pour qu'elle soit plus fraîche. Mais l'évier était trop haut, il fallait faire un bond pour l'atteindre, ce qui était une épreuve pour Chamallow ! Du coup, Pierrot préférait mettre une soucoupe par terre pour que cela soit plus facile pour son chat. 

Lorsqu'il avait mangé et bu, Chamallow s'étirait à nouveau et attendait devant la porte : il devait aller faire ses besoins dans le jardin. Pierrot ouvrait alors la porte et attendait que le chat se décide à sortir.

« Pourquoi restes-tu planté là ? Que veux- tu ? », disait-il.

A bout de patience, il prenait alors Chamallow dans ses bras, ouvrait la porte, descendait les quelques marches de l'entrée de l'immeuble, le posait dans le jardin près d'un arbre et, enfin, Chamallow daignait se soulager !

Encore heureux qu'ils vivaient au rez-de-chaussée !

Ensuite, Chamallow rentrait à la maison s'installer pour dormir à nouveau. Il fallait l'aider à grimper sur le lit. Paul le prenait dans ses bras ; il avait l' impression de porter un sac en chiffon. Chamallow  pendait dans ses bras comme une poupée de son.

Chamallow tenait souvent compagnie à Paul et adorait le rejoindre la nuit dans son lit. Maman n'aimait pas cela, mais Paul était ravi et le chat ronronnait de plaisir, au chaud sur la couette, comme dans un nid douillet.

Or ce chat était en fait très observateur. Il  voyait et écoutait tout ce qui se passait dans la maison. 

Un jour, Colombine avait perdu ses clés de voiture. C'était très ennuyeux car elle devait prendre 

un bus et le métro pour se rendre à son travail, partir encore plus tôt. Elle était énervée et ne regarda même pas Chamallow ce matin-là. 

Le soir, en revenant, quelle ne fut pas sa surprise en trouvant ses clés dans son chausson.

Elle remercia Paul et celui-ci n'osa pas lui dire que ce n'était pas lui qui avait découvert les clés !

Le lendemain, Pierrot ne retrouva pas sa pipe. Il était de mauvaise humeur, cherchait partout en maugréant, soulevait les coussins du canapé, dérangeait les bibelots, les ustensiles de cuisine. Colombine s'énervait elle aussi. Oups ! Paul partit dans sa chambre sans faire de bruit.  

Le soir, en rentrant de son travail, Pierrot vit sa pipe sous la table du salon ! « Incroyable, j'avais pourtant cherché à cet endroit. Un sourire éclaira son visage. C'est toi Paul qui l'a trouvée ! 

Tu es formidable, décidément, tu retrouves tout ! Demain, je t'emmène à la campagne, nous irons pêcher, j'amènerai des sandwichs aux cornichons et au saucisson, comme tu les aimes. Ce sera une belle journée ! ». Paul ne disait rien, il était tout rouge et se réfugia dans sa chambre. Il n'avait toujours pas dit que ce n'était pas lui qui avait retrouvé les clés de voiture et la pipe !

Lorsqu'il se réveilla le jour suivant, il ne pensait plus au vol des clés et de la pipe. Il devait échanger des cartes Pokémon avec ses copains de l'école et cela le réjouissait. Il chercha dans son cartable, dans ses tiroirs, sous son lit...Pas de cartes!

Elles avaient disparu. Il était très triste. Non seulement il ne retrouvait pas ses cartes mais en plus il avait menti à ses parents. Il avait honte et se sentait malheureux.

Alors décida dire la vérité à ses parents.

« Il faut que je vous parle », leur dit-il. Il leur expliqua tout.

Ses parents le grondèrent un peu, il paraissait tellement désolé. 

«  Voilà notre décision : tu feras la vaisselle tous les soirs et tu descendras la poubelle dehors, pendant deux semaines ». Paul pleura un peu et s'engagea à faire ce que ces parents lui demandaient. « Nous te pardonnons mais ne recommence pas et fais bien tout ce à quoi tu t'es engagé ». Paul était soulagé. 

Mais tout cela ne nous dit pas qui a rapporté les clés et la pipe.

A ce moment-là, Chamallow arriva tout doucement au salon, les cartes Pokémon dans la gueule « C'est incroyable » firent-ils en choeur tous les trois ! « C'est lui qui a trouvé tes cartes et les clés et ma pipe ! » dit Pierrot.

Depuis cet épisode, Chamallow est accepté comme il est. On le  porte quand il le souhaite, il dort où il veut, on lui fait plein de câlins et surtout, il ne se presse jamais et on ne lui reproche plus d'être tout mou. 

Après tout les chamallows c'est un délice !

Fin

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