L'étang magique - 2ème partie

Retrouve la première partie de cette histoire dans le livre précédent ! -3- La panique!

En ouvrant mes tiroirs pour y trouver des vêtements, j’ai une mauvaise surprise. Tout est vide ! Papa a sûrement oublié de faire le lavage cette semaine (car chez nous, c’est Papa qui lave et c’est Maman qui range). - Papa! As-tu lavé mes vêtements? Y’a rien dans mes tiroirs! - Bien sûr que j’ai fait le lavage! Pas plus tard qu’hier soir à part de ça et Maman a placé le tout dans tes tiroirs quand tu dormais. - Mais, ils sont vides mes tiroirs, Papa! Viens constater par toi-même! lui dis-je. - Charles, tu es grand maintenant! Tu peux te débrouiller seul!

Mon père ne s’occupe déjà plus de moi. Il est trop pris par l’écriture de son article pour le journal. Lui, quand il doit remettre son texte dans la journée même, j’ai l’impression de ne plus exister! Et puis, pourquoi faut-il qu’on me répète tout le temps que je suis grand?

Je fouille en dessous de mon lit. Je regarde dans mon placard, dans mon coffre de déguisements, dans mon panier à linge sale vide. Rien! Je tente le tout pour le tout, car je suis presque sûr qu’il y a du Cédric là-dessous. Je vais dans sa chambre. Je vérifie rapidement dans ses tiroirs. Ils sont remplis de vêtements tout propres, mais ce sont les siens. Il a beau être très costaud, mon frère, mais ses pantalons et ses chandails ne me font pas. De toute façon, il ne voudrait sûrement pas me les prêter.

- Hé, toi! Que fais-tu dans mes affaires?! - Je cherche mes vêtements. Tu n’aurais pas une petite idée de leur cachette par hasard? - Tu vas sûrement faire fuir les poissons vêtu de tes petites culottes, tu sais! dit-il en riant. Il ajoute de sa belle voix habituelle : - Sors de ma chambre tout de suite! Ils ne sont pas ici tes vêtements!

Évidemment, moi, je dois toujours le laisser entrer dans ma chambre, mais pas lui. C’est Cédric qui m’a joué ce tour! C’est évident! Je vais raconter ça à Papa. - Trouve une solution, Charles! Ce n’est sûrement pas Cédric. Ton ami arrive d’une minute à l’autre. Essaie d’enfiler les vêtements de ton frère ou mets ton habit de neige! - Mais, Papa! On est au mois de septembre! dis-je presqu’en larmes. - Tant pis! Débrouille-toi!

Me voilà encore pris dans un de ces sales tours que seul mon frère sait faire. Si Maman était là au moins. Elle se fâche moins rapidement que mon père et elle tente toujours de trouver une solution avec douceur. Je ne vais sûrement pas me mettre à pleurer et aller supplier mon frère, il serait trop content. Ça, non! J’irai quand même à l’Étang magique avec ou sans vêtements et j’aurai le plus beau poisson de tous!

Le klaxon de la voiture de mon ami se fait entendre. Je dois faire vite! Je regarde à gauche de mon lit, je n’y vois rien. À droite y’a mon coffre de déguisements. Eurêka! J’ai une idée! Je décide d’enfiler mes pantalons de Shrek de mon déguisement d’Halloween de l’an passé. Ils ont une belle couleur brun vert, ça fera « poisson ». Je garde mon haut de pyjama de Spider Man. Je n’aurai qu’à ne pas enlever ma veste de pluie. Personne n’y verra rien. En arrivant en bas de l’escalier, j’enfile tout de suite mon manteau et je salue nos nouveaux arrivants. Arto n’a pas vu mon haut de pyjama. Fiou!

Tout à coup, j’aperçois mon frère en larmes dans les bras de mon père et j’entends Jean-Louis, le père d’Arto, leur dire : - Viens, Cédric. Un garçon de plus ou de moins, ça ne change rien. - Tu es certain, Jean-Louis? Je ne voudrais pas t’embêter dans ta sortie, répond mon père. - Non, pas du tout! T’auras tout le temps que tu veux pour écrire ton article. J’ai tout ce qu’il faut pour lui en extra dans la voiture. On aime bien Cédric, n’est-ce pas Arto?

Je n’en crois pas mes oreilles! Pas Cédric dans les pattes pour ma superbe journée de pêche tant attendue! Ce n’est pas SON cadeau d’anniversaire, c’est le MIEN! J’ai envie de hurler, mais rien ne sort. Je regarde Arto en espérant qu’il dise quelque chose. Mon ami se contente de sourire à son père. Ils ont l’air de trouver ça génial tous les deux. Pourquoi y’a que moi qui ne trouve pas mon frère génial? Je suis fait! Il est vraiment embêtant ce frère. Je dois trouver une solution. Il n’entrera pas dans la voiture d’Arto. Ça non! Jamais!

-4- Cédric rime avec tragique !

Et bien, non! Me voilà coincé sur la banquette arrière de la voiture entre ce cher Cédric et Arto. Ce dernier me chuchote à l’oreille : « T’aurais dû m’avertir que tu voulais amener Cédric, j’aurais apporté mes protège-tibias de soccer. » Je lui lance un de ces regards. S’il m’avait défendu, lui, au moins. Tout est gâché, c’est certain!

Arrivés sur les lieux, je constate que l’étang est tout petit. La place est quand même sympathique! Nous sommes seuls pour l’instant. Le Soleil a même décidé de se mettre de la partie. Il commence à faire chaud. - Pourquoi n’enlèves-tu pas ton manteau de pluie, Charles? Tu dois avoir chaud comme ça! » me dit le père d’Arto.

J’essaie d’ignorer le conseil de Jean-Louis pour éviter d’être ridiculisé. Par contre, je l’écoute en ce qui concerne les appâts, la ligne, les nœuds à faire, etc. Je dois malheureusement me débrouiller seul avec ces bestioles gluantes qui gigotent dans ma main. Beurk! Jean-Louis est évidemment trop occupé avec Cédric pour m’assister dans l’installation de mes vers de terre. Je vais m’en souvenir longtemps de cette journée-là!

Le responsable de l’Étang s’approche. Il a une drôle d’allure. Des grosses bottes sales. Un vieux manteau beige taché de terre. Une énorme barbe noire et grise. Ses mains de géants ont la même couleur que sa barbe. Il me fait un peu peur. Je suis rassuré de voir Jean-Louis lui parler. Ils discutent ensemble de poissons : de truites grises et de truites arc-en-ciel. Ça doit être colorée une truite arc-en-ciel. J’aimerais tant voir ça!

Tout à coup, cet homme bizarre va voir Cédric et il lui dit un secret à l’oreille. Il fait la même chose avec Arto et puis, il s’avance vers moi. - Cet étang est magique! Fais un vœu et si tu attrapes LA seule truite arc-en-ciel de l’étang, ton vœux se réalisera. Et il repart! Je suis convaincu que tout ça est stupide. Comment est-ce possible? En plus, j’ai bien vu Jean-Louis faire un de ces sourires complices à cet homme directement sorti du monde préhistorique. Je décide de jouer le jeu : de toute façon, je n’ai rien à perdre. JE SOUHAITERAIS AVOIR UN GRAND FRÈRE!

- Jean-Louis vient m’aider! Ça mord! Ça mord!, crie mon frère le corps penché par en avant prêt à plonger tête première dans l’eau tellement sa canne est courbée. Je suis figé par le spectacle. Ça l’air lourd ce qu’il y a au bout de sa ligne! Et qui arrive à la rescousse? Le monsieur moustachu puant! - C’est la truite arc-en-ciel! C’est la truite arc-en-ciel! Tu l’as eue! Bravo, mon p’tit! Il ne manquait plus que ça! S’il n’y avait qu’UN poisson extraordinaire à prendre, il fallait que ce soit mon frère qui l’attrape. Si Jean-Louis n’avait pas été là, Cédric aurait été rejoindre les truites grises au fond de l’étang.

Évidemment, Arto et moi venons de passer deux heures à ramasser la vase du fond de l’étang. Même les truites ne s’intéressent pas à moi. Faut le faire quand même! Et puis bof! Je m’en fous de la pêche! Je veux retourner chez moi et retrouver les bras de ma mère. Ça, c’est si je suis chanceux. Elle n’aura probablement que des yeux pour son SUPER apprenti-pêcheur.

Retrouve la suite de cette histoire dans la 3ème partie !

Fin

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