Phoenix, tout feu tout flamme

De nombreux auteurs antiques, grecs et romains, ont alimenté la légende du Phénix. C’est toujours un oiseau oriental. Il vient, la plupart du temps, d’Arabie mais aussi d’Inde et d’Ethiopie. Cet oiseau retourne régulièrement en Egypte. Son cycle vital suit la course du soleil de l’Orient vers l’Occident (c’est à dire d’Est en Ouest.) Le Phénix tire sa pureté légendaire de son caractère solaire.

Une légende juive du Talmud (texte religieux juif) raconte que Noé avait du mal à nourrir tous les animaux embarqués sur l’Arche. Rencontrant le Phénix,dans un coin du bateau, il lui demande pourquoi il ne réclame pas son repas. L’oiseau répond qu’ayant compris les difficultés de satisfaire toute cette ménagerie, il préférait se mettre en retrait par discrétion. Noé lui répond alors: « Puisse la volonté de Dieu faire que tu ne meures jamais. » C’est grâce à son abstinence et son humilité que le Phénix aurait gagné sa remarquable longévité.

Quand le Phénix perd ses forces et sent qu’il va mourir, il part cueillir des rameaux de plantes aromatiques pour en construire son nid. Deux versions du mythe existent concernant la mort de l’oiseau: il meurt et se décompose ou bien, d’un chant splendide, il appelle le soleil qui vient embraser le nid -bûcher où le Phénix se consume.

Des cendres, naît un nouveau Phénix, identique au précédent. Après sa résurrection, il doit rapporter les restes de son père à l’héliopolis, en Egypte, pour qu’ils y soient consacrés par les prêtres.

Le mythe du Phénix, né dans la Grèce antique en relation avec l’Orient, est repris dans la littérature de la Rome impériale puis de l’Occident chrétien. Il est intégré dans le bestiaire chrétien par les Pères de l’Eglise et les premiers écrivains chrétiens car cet oiseau sacré est la preuve vivante que la résurrection est possible. Le caractère solaire de l’oiseau est atténué au profit de sa fabuleuse capacité à renaître après sa mort.

L’art chrétien primitif et l’art roman représentent, souvent, l’oiseau perché sur un palmier. Dans la langue grecque, « phoenix » signifie aussi « palmier » Le phénix chrétien est représenté sous la forme d’un échassier orange vif, au bec court, portant, souvent, sur la tête une couronne, qui représentait la lumière solaire sous la Rome païenne, et qui devient, alors, le symbole de la lumière de Dieu.

Au Moyen-Age, le caractère solaire du phénix et ses liens avec le feu, le font remarquer les alchimistes qui l’adoptent comme oiseau de la couleur rouge et du soufre. Le soufre étant l’élément chimique qui entretient le feu philosophique et qui, porté par le feu à son exaltation, symbolise le Christ… Le Phénix est aussi le symbole des renouvellements ininterrompus des temps comme les astres.

Un représentation alchimique du soufre (triangle et croix), montre le Phénix la tête enroulée par le serpent Ouroboros qui se mord la queue. Ensemble, l’oiseau éternel et le serpent, symbolisent l’image du « cycle du temps » se renouvelant perpétuellement.

A la Renaissance, le Phénix est délaissé par la religion et adopté par les poètes. Ainsi, les qualités exceptionnelles du Phénix, réunies dans un même symbole, lui ont permis de survivre aux mutations religieuses et de conserver un grand rayonnement dans l’esprit et le bestiaire du monde occidental.

Fin

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